Quinze établissements hôteliers valaisans s’apprêtent à tester des outils d’intelligence artificielle (IA) pour automatiser certaines tâches répétitives de leur quotidien. Ce projet pilote, mené par la HES-SO Valais-Wallis en partenariat avec l’Association hôtelière valaisanne, vise à identifier les solutions les plus pertinentes pour le secteur. Les tests débuteront à la mi-2025 pour une durée d’un an.
Le projet « Booster IA pour l’hôtellerie », porté par Michaël Fux, professeur à la HES-SO Valais-Wallis, répond à un besoin concret du terrain. « Dans les petits hôtels, une personne doit souvent vérifier les prix, rédiger des posts sur les réseaux sociaux, planifier le personnel et rédiger des e-mails », explique le professeur. L’idée principale du projet est de voir comment l’IA peut-elle soutenir ces personnes qui ont plein de choses à faire.
Quinze hôtels pilotes sélectionnés
Lancé au début de cette année et soutenu par InnoTour, le projet a permis de sélectionner 15 établissements aux profils variés. Des hôtels de montagne aux établissements de vallée, des petites structures aux plus grandes, l’objectif est d’obtenir un panorama représentatif du secteur hôtelier valaisan.
Au final, le but est que l’Association hôtelière valaisanne puisse donner des recommandations concrètes et précises à ses membres suite à ce projet. « Nous avons l’ambition de mettre de l’ordre dans la jungle des outils et systèmes », précise Michaël Fux.
Quatre domaines d’application prioritaires
L’équipe de la HES-SO a identifié quatre cas d’usage principaux pour l’IA dans l’hôtellerie : la communication client, le management des avis et évaluations, la fixation et l’adaptation des prix, ainsi que la planification du personnel.
Parmi les demandes des hôteliers, un marketing par e-mail automatisé arrive en tête des priorités. « Les hôteliers s’intéressent particulièrement à la rédaction automatisée de newsletters sur la base de recommandations personnalisées pour les clients », observe Michaël Fux.
Des attentes parfois déçues
A ce stade, les porteurs du projet ne cachent pas les limites actuelles de l’intelligence artificielle. « Après nos premières recherches, force est de constater que certaines attentes via l’IA ne peuvent pas encore être réalisées. L’IA ne sait pas encore tout faire, et il y a souvent des déceptions en lien avec certains outils », reconnaît le professeur. Cette approche réaliste vise à éviter les désillusions et à identifier les solutions véritablement efficaces.
L’équipe a établi une longue liste d’outils disponibles, principalement dans la région DACH, avant de constituer une « shortlist » avec les systèmes les plus prometteurs. Pour chaque cas d’usage, l’objectif est de déterminer quelle serait l’utilisation idéale, ainsi que deux ou trois exemples concrets.
Les défis techniques et humains
Michaël Fux identifie plusieurs défis majeurs pour le déploiement de l’IA dans l’hôtellerie. Le premier est technique. Pour pouvoir intégrer facilement des outils d’IA, les hôtels doivent être dotés d’un système de gestion hôtelière (PMS) qui permette des connexions via des API. « Sans ces connexions, il est difficile de démarrer. »
Le second est humain, puisqu’il est vital de maintenir l’authenticité et la personnalisation de la relation avec les clients, même au travers de l’IA. « Il faut garder l’activation d’un humain pour les tâches intéressantes, en laissant les activités répétitives à l’IA », souligne Michaël Fux.
Les tests débuteront en juillet 2025 et dureront une année. Chaque hôtel sélectionné testera un à deux systèmes, permettant d’obtenir des enseignements concrets sur l’efficacité de ces outils dans le contexte hôtelier valaisan. Les résultats de cette expérimentation devraient permettre à l’ensemble du secteur de faire des choix éclairés en matière d’intelligence artificielle.
Propos recueillis lors de Journées Digitourism 2025 à Fiesch